top of page

« Barbie » : Girl Power et deviens ce que tu es!

  • Marc-Olivier Fritsch
  • 31 juil. 2023
  • 3 min de lecture

De Greta Gerwig (2023 - 115 minutes)

Avec Margot Robbie, Ryan Gosling, America Ferrera, Will Ferrell, Simu Liu, Issa Rae, Kingsley Ben-Adir, Dua Lipa, Nicola Coughlan

ree

Un de mes meilleurs amis m'a dit: "N'y va pas, c'est juste du marketing, un coup de Mattel pour se refaire la cerise".


Et c'est vrai qu'avec un investissement de plus de 100 millions dans le film, pas étonnant que Mattel soit très présent à l'image.


Vous avez deviné, je n'ai pas écouté mon pote. Alors que penser de cette immense publicité géante déguisée en film ?


L'oeuvre de Greta Gerwig assume clairement son côté marketing avec d'une part des arrêts sur image style télé achat des accessoires portés par les personnages et d'autre part, un jeu grossier de placements de produits: Birkenstock, Chevrolet ou encore Coco Chanel.


Mais Barbie est avant tout un OVNI cinématographique, tendance Wes Anderson avec une esthétique léchée, des décors teintés de rose et de soleil artificiel, des scènes déjantées, des chansons et des chorégraphies volontairement ridicules.

ree
ree
ree

La parodie initiale audacieuse de "2001, l'Odyssée de l'espace" laisse toutefois peu à peu place à une certaine lourdeur.







Il y a beaucoup (trop?) de second degré, voire du 36e degré comme lorsque Ken exhibe ses patins dont il ne se départit jamais.

ree

Le plus grand contre-pied réside surtout dans le fait que la petite poupée blonde des années 1950 connue mondialement pour imposer un modèle de beauté irréaliste aux femmes, se mue paradoxalement en leader de la cause féministe dans ce film.


Mattel renverse ainsi très intelligemment la situation puisque le créateur de Barbie a longtemps été accusé de véhiculer une image réductrice des femmes.


Ici, deux mondes s'affrontent: celui, imaginaire, de Barbie où les femmes ont le pouvoir et celui du monde réel où les hommes gouvernent.


La guerre des roses réinventée met ici en compétition Barbie et Ken, la première représentant toutes les femmes et le second tous les hommes.

ree

Ces derniers sont d'ailleurs dépeints comme des muscles sur pattes sans cervelles, obnubilés par leur seul égo. Ce sont d'ailleurs ces mêmes idiots, symbolisés par le jeu habituel de Will Ferrel, qui dirigent Mattel dans le monde réel du film. Là encore, la marque est maline en faisant croire aux spectateurs qu'ils sont conscients de ce soit-disant diktat masculin, preuve d'une certaine autocritique.


ree

Autre subterfuge, l'un des propos du film est de montrer à quel point Mattel a su évoluer avec son temps et changer ses personnages pour des femmes plus autonomes, indépendantes et dynamiques. Dans cette veine, pas étonnant de retrouver le mythe de l'inclusion avec une barbie corpulente, une autre noire présidente ou encore une barbie handicapée en chaise roulante.



Bref, en apparence, une gigantesque promotion de la diversité et du féminisme bien emmenée pas ses deux acteurs vedettes, Margot Robbie et Ryan Gosling, qui visiblement s'amusent et en font des tonnes.

ree

La voie de la narratrice fait d'ailleurs remarquer aux spectateurs que si Barbie devait représenter une femme lambda sous les traits de Margot Robbie, le choix n'est pas très réussi. Le marketing passerait-il mieux avec un peu d'humour autocritique ?


Un film qui se veut militant mais qui ne fait que défoncer des portes ouvertes. Une sorte de leçon de féminisme pour pré-pubère. Ces mêmes adolescentes qui se vengent d'ailleurs dans le film en traitant Barbie de fasciste!


En fait, Mattel continue ce qu'il sait faire: créer des stéréotypes ravageurs mais cette fois sur les hommes, des créatures sans autre identité que celle de la plage et de servir Barbie.

ree

Pour autant, le film laisse une impression bizarre. Même si on sent qu'on est souvent pris pour des imbéciles, le propos n'est pas toujours totalement dénué d'intérêt.


Gerwig se permet de délivrer un message sur notre société moderne, faite de perfection truquée (l'ère d'Instagram et des filtres), de culte de l'apparence et de demandes contradictoires faites aux femmes. Elle interroge aussi le mythe de l'individualisme avec le fameux "ce qui compte, c'est qui tu es à l'intérieur".


Le film aborde aussi l'épineuse question des relations hommes/femmes, un peu comme dans Eyes Wide Shut. Chez Kubrik, le désir de l'homme était central pour la femme, alors qu'ici l'homme ne saurait exister sans le regard et l'admiration de la femme.

ree

De même, Barbie aborde la question du créateur versus la créature. Tel Pinocchio qui se rend compte que Gepetto est son créateur, Barbie assène cette évidence comme une grande découverte à la fin de son parcours initiatique: "Il vaut mieux créer les choses qu'être une chose".


Finalement, Barbie est une satire tout étant un film de marque, une fable, voire une farce à la fois féministe, étrange et critique qui aborde aussi bien les aspects positifs de la poupée Barbie - censée donner envie aux petites filles de devenir présidente, ingénieure ou médecin - que ses aspects négatifs et aliénants.



 
 
 

Commentaires


 RéCENTs articles: 
 SUIVEZ moi aussi sur: 
  • Facebook Social Icon
  • Instagram
  • LinkedIn Social Icon
bottom of page