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Rendez-vous en Terre inconnue avec Clovis Cornillac en Chine

  • Marc-Olivier Fritsch
  • 17 avr. 2016
  • 5 min de lecture

France 2 (diffusé le 12 avril 2016 – 115 minutes)

Avec Clovis Cornillac, Frédéric Lopez et la communauté Miao

Exceptionnellement, je ne vais pas vous parler d’un film, mais de mon émission de télévision préférée : « Rendez-vous en Terre inconnue ». Après un an et demi d’absence, l’émission est revenue cette semaine sur France 2 avec Clovis Cornillac en Chine. Dans les dernières éditions, le programme commençait un peu à se répéter et à trop verser dans les bons sentiments. Et comme je ne suis pas un grand amateur de Clovis Cornillac l’acteur, j’étais dubitatif. Et comme souvent, j’ai été totalement transporté par cette émission…


Inventée et proposée par Frédéric Lopez depuis plus de 10 ans sur France Télévisions, cette émission correspond à ce qui me fait vibrer dans la vie : aller au bout du monde à la découverte de populations reculées, échanger, partager leur mode de vie et leur culture, en toute humilité. Et au final, le vrai voyage est intérieur car cela nous procure des émotions incroyables et nous fait réfléchir sur notre monde, notre façon de vivre et nos sociétés dites modernes.


Cette fois, Frédéric Lopez a emmené Clovis Cornillac, acteur français de 47 ans, dans la province rurale du Guizhou, au sud de la Chine. Evoluant dans des paysages époustouflants de montagnes et de rizières jaunes en terrasses, ils sont accueillis par la communauté Miao dans un tout petit village posé au sommet d’un piton rocheux. Frédéric Lopez nous explique que les Miao font partie des 56 groupes ethniques officiellement reconnus par la République populaire de Chine. Ils sont environ 9 millions mais représentent pourtant moins de 1 % de la population de ce gigantesque pays d’1,3 milliard d’habitants. « Dans ces montagnes escarpées, le temps semble parfois suspendu comme les brumes à la cime des arbres », écrit la production.


Première surprise, Clovis Cornillac n’essaie pas d’en faire des tonnes, il reste authentique et sans artifice. Quand on lui demande par exemple s’il est impatient de connaître sa destination avant de prendre l’avion, il aurait pu comme tant d’autres s’exclamer « Ouais, à fond, j’en peux plus, je veux savoir ». Non, au contraire, stoïque, il patiente et accepte les règles de l’émission.


Après une halte à Shangaï qui permet de prendre la température de la nouvelle 1e puissance économique mondiale au milieu des innombrables grattes-ciel, puis un trajet de 8h en voiture, Clovis et Frédéric rencontrent enfin leurs hôtes : deux femmes habillés en costumes traditionnels et un homme. Ce qui frappe d’entrée, c’est la simplicité du contact. Les femmes ont un sourire radieux, presque solaire, et l’homme un regard d’une sagesse infinie. Clovis Cornillac et Frédéric Lopez sont les plus gênés. D’évidence, ils ont peur de mal faire.


A peine la rencontre est-elle digérée que vient le temps du choc esthétique avec la beauté de la nature : en route vers le village de leurs hôtes, Clovis et Frédéric restent bouche bée devant les paysages absolument somptueux de rizières nichées dans les montagnes à la lumière rasante du soleil couchant. Comment en effet croire à la réalité d’une telle beauté ?

Arrivés au village, la famille de leurs hôtes leur offre un repas traditionnel de bienvenue. C’est dans ce village que Frédéric et Clovis vont passez leur 15 prochains jours. Ils aideront les Miao dans leurs tâches agricoles : couper l’herbe pour les cochons tôt le matin, pêcher le poisson pour le dîner du soir, cueillir le riz pour la récolte…


Bien sûr, nous sommes totalement dépaysés et subjugués par tant de beautés, tant au niveau des humains que de la nature sauvage. Il y a même quelque chose de paradisiaque à voir ces gens simples si heureux. Mais au-delà de ces premiers constats, on ressent davantage encore. Ce n’est pas seulement un voyage, un rêve, une évasion. Non, il s’agit aussi d’un retour à l’essentiel. A plusieurs reprises, Clovis Cornillac observe d’ailleurs que la communauté Miao fait preuve d’une solidarité souvent oubliée chez « nous ». Ainsi, dit-il, « cette notion d'être ensemble, d'entraide, peut donner envie à beaucoup d'entre nous ».


L’essentiel, c’est aussi un retour à la nature. Vivre DANS la nature et vivre DE la nature. Travailler la terre et s’en nourrir. Profiter de tout ce que la nature peut nous offrir. Ainsi, une femme Miao ne comprend pas que Clovis n’ait pas de cochon chez lui. Comment fait-il alors pour manger ? Et Clovis de répondre : « nous achetons toute notre nourriture, d’autres s’occupent d’élever des cochons et de les vendre ».


Et malgré la barrière de la langue, la culture très éloignée, le manque d’habitude de côtoyer des étrangers, la magie opère, la communication s’effectue assez aisément et souvent avec humour comme lorsque Clovis ne parvenant à pêcher aucun insecte pour le dîner du soir, se voit proposer par une femme Miao de se baigner pour devenir le gros poisson à attraper, permettant d’imaginer un futur repas gargantuesque… ! La poésie aussi est très présente. Ainsi, dès le premier matin Clovis et Frédéric sont surpris de voir le chef de famille revenir avec une cage à la main : il emporte en effet son oiseau avec lui en guise de radio, pour l’entendre chanter pendant qu’il travaille… !

Les Miao sont comme ça, simples, avec une gaieté authentique, une chaleur humaine fantastique et des visages toujours éclairés par des sourires. Pourtant la vie est rude dans ces montagnes éloignées. Pleins de bon sens, une femme Miao explique que ses invités ne voient que le bon côté de la vie à la campagne, en réalité pénible à bien des égards. Les enfants marchent plusieurs heures pour aller à l’école. Les parents doivent parfois travailler plusieurs mois en ville comme ouvriers pour pouvoir financer l’école de leurs enfants. Certaines traditions ajoutent encore à la difficulté comme lorsque des mères doivent abandonner leurs filles pour pouvoir se remarier à la mort de leur premier époux. Mais malgré toutes ces épreuves, les Miao sourient, encore et toujours…Et l’homme de la famille de conclure plein de bon sens « ici, on ne compte que sur nos bras, on ne croit pas en Dieu » !


Et Clovis Cornillac est à la hauteur de cette belle humanité. Ce costaud au cœur tendre ne ménage pas sa peine pour aider ses hôtes. Loin de se soucier de son image et de sa petite personne, il s’inquiète avant tout de la récolte du riz, si vitale pour ses hôtes. Il s’explique : «tu me présentes ta famille, on dort chez toi, tu nous nourris, c'est la moindre des choses… ». Oui, mais quand-même Clovis, chapeau ! Toujours respectueux, pondéré, humble, conscient de sa chance et de la relativité de son métier, bienveillant, ayant le sens du partage : Cornillac la personne m’a bluffé !

La bonté et la beauté sont partout, en toute pudeur, sans pathos. Sur fond de musiques toujours bien choisies, les couleurs éclatent : costumes bleu, maisons brunes en bois, montagnes vertes et rizières jaunes. Dépassant les clichés, on apprend alors que les Miao ont une façon bien à eux de se signifier leur amour : se poser des questions pour montrer son attention à l’autre. Encore une jolie délicatesse à méditer… !

Pour ceux qui veulent aller plus loin, il y a aussi le « Retour en Terre inconnue », après la projection du film en direct et en public depuis Paris. Frédéric et Clovis répondent aux questions des téléspectateurs via Virginie Guilhaume. Quelques bonus nous sont également dévoilés. Enfin, le réalisateur et le rédacteur en chef viennent compléter les explications. On en sort regonflé, plein de vie et d’espoir : non, le monde n’est pas encore totalement perdu, l’humanité non plus…

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