top of page

« La vie rêvée de Walter Mitty » : non, mais je rêve ou quoi ?!

  • Marc-Olivier Fritsch
  • 9 mars 2016
  • 3 min de lecture

De Ben Stiller (2013 – 114 minutes)

Avec Ben Stiller, Kristen Wiig, Shirley Mac Lainel Sean Penn, Adam Scott…

Mes neurones étant très réduits en ce moment avec la fatigue engendrée par l’arrivée de mon bébé, je me tourne naturellement vers des films plus légers. Je me disais que la 5e réalisation de Ben Stiller ferait bien l’affaire, surtout que le concept était prometteur. Qui en effet n’a jamais eu de moments d’absences pour se rêver une vie meilleure ? Je pensais aussi que, pour une fois, Ben Stiller allait peut-être enfin changer de disque depuis « Mary à tout prix » et être plus original. Eh ben devinez quoi ? C’est encore raté… !


La vie rêvée de Walter Mitty Ben Stiller

OK, on passe un bon moment, c’est assurément un « feel good » movie. Le film est bourré de poésie et de bonnes intentions. Le graphisme du générique d’ouverture est très créatif, les scènes de rêve sont déjantées et ont un petit air d’Amélie Poulain. Mention spéciale pour le choix de tourner en pellicule plutôt qu’en numérique, choix coïncidant bien avec le personnage de Mitty développeur de photos sur pellicule pour le magazine Life qui s'apprête justement à publier son dernier numéro papier pour passer au format Internet.


Les paysages islandais sont vraiment très esthétiques et procurent une belle bouffée d’air frais. La scène de descente en skateboard de toute la vallée procure une vive sensation de liberté et donne envie d’en faire autant. Quelques fulgurances d’humour bien senties aussi : l’arrestation à l’aéroport vue à travers le scanner par exemple ou encore Sean Penn en photographe allumé qui préfère ne pas prendre la photo du siècle d’un léopard des neiges.


Ok, les quelques messages sous-jacents sont plutôt agréables également. Retour à l’enfance (skateboard), suivre ses rêves (voyager), oser partir à l’aventure, se lancer, croire en soi, bref vivre la vie à pleine dents quoi. Dénoncer les méthodes brutales de certains plans de licenciements dans les entreprises est également louable (excepté Adam Scott, pas du tout crédible en patron sans cœur ; n’est pas « Loup de Wall Street » qui veut…).


Mais trop c’est trop ! Ben, quand vas-tu un jour changer de scénario et arrêter de jouer le looser bouc-émissaire qui a pas de chance mais qu’on aimerait tellement prendre dans ses bras et rassurer ? C’est cousu de fil blanc, hyper prévisible. On sait d’avance que les humiliations qu’il subit seront inversement proportionnelles à ses réussites futures. On sait qu’il va finir par lui parler à sa belle collègue dont il est amoureux. On sait qu’elle, au moins, le voit différemment des autres, tel qu’il est réellement…Et patati, et patata ! Ben, je dis non !


Et tous ces clichés sur les étrangers, c’est plus possible : les nordiques (danois du Groënland, islandais) sont forcément des abrutis imbibés d’alcool qui passent leur temps à chanter des karaokés dans les pubs, les tribus afghanes sont forcément des stupidos enturbanés à cheval qui n’ont jamais mangé de tarte de leur vie, tarte qui suffit d’ailleurs amplement comme laisser passer dans le territoire, les marins chiliens ne pensent qu’à forniquer dès le premier pied sur la terre ferme…


Sans parler de toutes ces invraisemblances : Ben prend un hélicoptère piloté par un type bourré en pleine tempête et est à peine secoué, il se bat avec un requin avec une mallette (remarquez, on progresse, d’habitude il se bat avec des chiens / « Mary à tout prix », « Mon beau père et moi »…), il échappe à une énorme éruption volcanique (le fameux Eyjafjallajökull également honoré par Dany Boon mais avec un résultat autrement plus drôle) sans une égratignure alors qu’il est bombardé de roches et de fumée,…C’est Tintin en Islande version grotesque !


Ce remake du film de Danny Kaye en 1947, basé sur une courte nouvelle de James Thurber de 1939, ne nous fait donc pas vraiment rêver. C’est dommage car la première demi-heure nous fait espérer mieux. Il aurait sans-doute été plus judicieux de continuer à brouiller les pistes entre rêves et réalité. Téléphone chantait « je rêvais d’un autre monde », et moi d’un autre film…

Commentaires


 RéCENTs articles: 
 SUIVEZ moi aussi sur: 
  • Facebook Social Icon
  • Instagram
  • LinkedIn Social Icon
bottom of page