"Monuments Men" : monumentale déconfiture...
- Marc-Olivier Fritsch
- 12 févr. 2016
- 3 min de lecture
De George Clooney (2014 – 118 minutes)
Avec George Clooney, Matt Damon, Jean Dujardin, Cate Blanchett, John Goodman, Bill Murray,…

Le film n’a d’intérêt que son sujet : l’art et la culture valent –elles une vie ? La question raisonne particulièrement au moment où les fanatiques du groupe terroriste « Etat Islamique » se trouvent à Palmyre pour détruire ses merveilles architecturales ou en faire commerce.
Car pour le reste, même un casting impressionnant et une musique toujours pertinente d’Alexandre Desplat ne parviennent pas à sauver ce nouvel essai derrière la camera de Mr George ! On se demande d’ailleurs s’il n’a pas lui-même compris son relatif échec puisqu’il insiste lourdement pour préciser qu’il s’agit d’une histoire inspirée de faits réels : une phrase le rappelle au début du film et le générique de fin nous confirme que le récit est tiré d’un roman lui-même basé sur une histoire vraie.
Celle-ci voudrait qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, plusieurs conservateurs de musées ou autres historiens d’art, tentent de récupérer des œuvres d’art volées par les nazis pour les restituer à leurs propriétaires. Mais ces trésors sont cachés par les Nazis en Allemagne, ce qui oblige ces hommes de l’art qui se surnomment les « Monuments Men » à se rendre sur place au péril de leurs vies.
Dès le départ, on y croit guère. Les acteurs ont pourtant tous de sacrés états de service. Mais aucun n’est crédible en passionné d’art et encore moins en soldats. D’ailleurs, on ne comprend pas trop pourquoi certains ont des grades militaires puisqu’ils sont civils. Pire, on a l’impression qu’il ne s’agit que d’un jeu pour eux et qu’à aucun moment ils n’hésitent à s’engager et à risquer leurs vies. Cela pue l’héroïsme américain primaire.
D’ailleurs, on a l’impression que George Clooney ne saisit jamais ce qu’a réellement été la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi, on peut survoler Paris avec un petit avion de loisir sans aucun problème. On peut amadouer un jeune soldat allemand avec une cigarette, tel un singe à qui on jetterait une banane. On peut fouler les plages de Normandie sans aucun risque à peine un mois après le Débarquement. Une résistante peut se faire démasquer par les nazis sans aucune sanction. Les Russes ne sont que des Méchants rustres qui veulent récupérer les œuvres d’art à de mauvaises fins contrairement aux Américains aux pures intentions. Enfin, on peut circuler librement pendant des kilomètres en Allemagne sans rencontrer aucun soldat ou presque, ni même de citoyen allemand.
Bref, on pourrait aligner encore de nombreuses incongruités, mais soulignons surtout que la valorisation excessive et permanente des « gentils » américains est insupportable. Comme par hasard, les seuls morts des « Monuments Men » sont d’ailleurs Français et Anglais. Sans doute parce qu’un Américain ne serait pas assez stupide pour se laisser surprendre par un nazi.
Heureusement, le film a un second intérêt, outre la question philosophique de départ. Il permet en effet de rendre hommage à ces hommes qui, en effet, ont certainement tenté de sauver ces œuvres d’art. La manière a très probablement dû être nettement moins romantique en réalité mais saluons l’intention et la réhabilitation du rôle de ces personnalités.
Pour autant, cela me gêne que le narrateur principal joué par Mr George, puisse déclarer « empêcher que les nazis n’effacent l’histoire de nos vies ». Le Rétable de Gand et La Madonne et l’Enfant d’Italie me semblent en effet loin de raconter l’histoire des Américains. A moins que Mr George ne se sente habilité à parler au nom des Européens parce qu’ils seraient occidentaux ou pire, parce qu’ils auraient été « sauvés » par les Américains pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Bref, un film au sujet « monumental » et à l’exploitation minimale… !
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