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"The Tree of Life" : le tout est dans rien, le rien est dans le tout...

  • Marc-Olivier Fritsch
  • 9 févr. 2016
  • 3 min de lecture

De Terence Malick (2011 – 138 minutes)

Avec Jessica Chastain, Brad Pitt, Hunter Mc Craken, Sean Penn…

The tree of life ciel sky

Œuvre métaphysique, œuvre mystique. Avec cet essai cinématographique, Terence Malick nous convie aux sources de la vie. Pourquoi et comment apparaît-elle et disparaît-elle ? Et qu’en faisons-nous ? Quel est notre rapport à l’autre, à la fratrie, au voisin, au sexe opposé, à la nature ? Comment se construit-on ? Que veut dire paternité, maternité ? La douceur maternelle versus l’autorité paternelle ? Quelle est l’importance de l’éducation des enfants ? Quelle place y prend la religion et le rapport au sacré ? Autant de questions posées par ce nouvel objet cinématographique de Malick et auquel il n’apporte pas toujours de réponse.


Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce film n’est pas aisément accessible. Quasiment sans aucun dialogue, ni véritable action, il alterne des tableaux de paysages naturels somptueux, avec ceux de l’espace et enfin avec la vie d’une famille américaine du Texas natal de Malick, que l’on devine évoluer dans les années 1950 environ.


Cette famille de trois enfants est déchirée par la violence du père, joué par un Brad Pitt relativement pertinent, et le mutisme de la mère, incarnée par une magnifique et très crédible Jessica Chastain. Les frustrations du père, musicien contrarié et inventeur raté, rejaillissent sur son couple et sur ses enfants. Il confond aisément autorité avec autoritarisme, mais aime pourtant ses enfants et sa femme. Sans véritablement aller jusqu’à la violence physique, celle-ci est pourtant omniprésente et notamment à travers les doutes, l’incompréhension et la colère de Jack, l’aîné, impeccablement joué par un surprenant Hunter Mc Cracken.


Sorte de peinture sociale impressionniste, « The Tree of Life » est à mi-chemin entre un documentaire géographique à la Yann Artus Bertrand, une fine analyse psychologique familiale à la Mike Leigh et un film philosophique à la « 2001, Odyssée de l’espace » de Kubrick. Il s’inspire d’ailleurs de quelques images psychédéliques de « Maître Stanley » pour filmer planètes, feu, eau et air, sans doute pour mieux nous interroger sur l’origine de l’univers, le Big Bang étant ici implicitement comparé à toute naissance d’un être humain sur Terre. Le film fait même un bref détour par «Jurassic Park » pour interroger la disparition cette fois de la vie avec cette mystérieuse éradication des dinosaures de la planète.


Les images sont absolument somptueuses, la lumière et la photographie d’Emmanuel Lubezki, éblouissantes. La musique originale d’Alexandre Desplat est toujours agréable, tout comme le choix de « La Moldau » de Smetana est pertinent. Les mouvements de caméra sont fluides, glissent tout en douceur sur des images propres, toujours très pensées. Les acteurs sont vraiment étonnants de justesse, surtout Hunter Mc Cracken en aîné des trois frères, toute la difficulté étant de nous faire comprendre ses émotions sans pouvoir réellement les exprimer à l’oral, les dialogues étant tellement rares. Léger bémol cependant pour Sean Penn dont le rôle et son interprétation sont moins aboutis. Certes, le rythme est lent, le film est long, mais tout est suggéré, l’univers s’installe peu à peu et le tableau apparaît finalement lyrique à souhait.


Récompensé par une Palme d’Or à Cannes en 2011, ce film étrange pourra certainement laisser beaucoup de spectateurs au bord de la route, mais constitue une œuvre profonde et poétique pour ceux qui voudront bien lui laisser le temps de se faire accepter.

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