"The Shining" : chef d'oeuvre de Maître Kubrick !

De Stanley Kubrick (1980 – 146 minutes)

Avec Jack Nicholson, Shelley Duvall, Danny Lloyd,…

Ecrire une critique de The Shining en 2016 relève de la gageure. Mais je m’y risque quand-même car c’est mon opinion d’amateur de ciné, un avis parmi tant d’autres, ni plus, ni moins…

Autant le dire d’emblée : Maître Kubrick signe encore un chef d’œuvre ! La fluidité de sa caméra, ses angles incroyables, la musique angoissante, actrice à part entière comme toujours, des décors très travaillés et la performance des acteurs, Jack Nicholson en tête, font de ce film une œuvre complète.

J’ai lu dans certaines critiques que le film avait quelque peu vieilli. Je m’inscris totalement en faux. L’arc narratif est prodigieux. Le film laisse le temps justement à l’univers et aux personnages de s’installer. La tension monte progressivement, le malaise est de plus en plus perceptible à travers des étrangetés d’abord curieuses et de plus en plus volontaires. L’ouverture en travelling en plongées sur la voiture serpentant dans de magnifiques montagnes ensoleillées contraste merveilleusement avec les futures contre-plongées des visages sombres et angoissés des trois personnages principaux.

Les deux plus marquants sont selon moi celui de Wendy (Shelley Duvall) découvrant le « roman » tapé par Jack son mari (Jack Nicholson) et celui de Jack justement, appelant Wendy au secours depuis le cagibi où il est enfermé. Dans la première contre-plongée, j’aurais d’ailleurs trouvé cela encore plus effrayant si Kubrick avait choisi de faire apparaître Jack derrière Wendy. De même, j’aurais aimé que Jack se réveille vraiment et résiste à son enfermement dans le cagibi.

Mais excepté ces quelques réserves très modestes, «The Shining » est envoutant. Le choix de l’hôtel Overlook est génial et joue, comme la musique, un rôle à part entière. J’ai d’ailleurs vu un reportage expliquant que Kubrick était tellement attentif au moindre détail qu’il a par exemple demandé à ce que tous les fils électriques de l’hôtel soient cachés. Aussi, si on prête attention, tous les appareils de l’hôtel (lampes, télévision,…) fonctionnent comme s’ils étaient autonomes, donnant ainsi l’impression que l’hôtel a une âme ou est mû par une énergie propre mystérieuse.

Comment ne pas évoquer non plus le formidable angle trouvé par Kubrick quand on suit à mi-hauteur le petit Danny sur son vélo à travers les longs couloirs effrayants de l’hôtel.

Jack Nicholson, pourtant jamais récompensé pour ce rôle, est bien entendu incroyable. Sa performance est tellement crédible qu’on se demande comment l’acteur lui-même n’est pas devenu fou après cette prestation. Sa démence lorsqu’il s’apprête à défoncer la porte de la salle de bain à coup de hache, est totalement jouissive. Pour être équitable, saluons aussi le visage défiguré par la peur extrême que Shelley Duvall arrive à exprimer au même moment.

Sans oublier Danny Lloyd, petit acteur de 6 ans à peine, et dont le désormais légendaire « Redrum » à la voix éraillée nous glace encore le sang. Etonnamment, Danny Lloyd n’a joué qu’un seul autre film deux ans plus tard, avant de disparaître à jamais des écrans de cinéma. Aux dernières nouvelles, il serait devenu professeur de sciences. Son jeu dans « The Shining » est pourtant d’une justesse et d’une sincérité incroyable à cet âge.

Dernier bémol pour chipoter, la fin aurait pu être moins « facile » et le labyrinthe aurait pu réserver encore de pires surprises. Mais c’est vraiment pour chipoter car là encore, les prises de vue des pas dans la neige en travellings rapides plutôt que de filmer uniquement les personnages, est une nouvelle trouvaille fantastique de Maître Kubrick.

Ce film est tellement riche qu’il mérite plusieurs visionnages. Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’il ait fait l’objet d’innombrables critiques et documentaires. Nul doute qu’il en viendra encore de nombreux autres pour rendre hommage à ce chef d’œuvre du 7e art !